Des personnes très riches quittent la Chine alors que l’économie ralentit et que les restrictions se resserrent

Selon une analyse récente publiée par The Guardian, des personnes très riches se déplacent (et déplacent leur fortune) à l’étranger afin d’éviter les restrictions de plus en plus strictes, y compris des accusations souvent opaques d’irrégularités financières.



Dans un rapport séparé, Forbes a identifié 562 milliardaires dans la Chine élargie en 2023, une baisse de 7,4 % des 607 milliardaires recensés en 2022. Une analyse semblable de Forbes a recensé plus de 700 milliardaires aux États-Unis et 63 au Canada.

 

Destination Singapour?

Henley & Partners, une société de conseil en matière de migration des investissements basée à Londres, estime qu’environ 13 500 Chinois très riches quitteront la Chine en 2023, soit environ 37 par jour.



Ces départs représentent une augmentation de 25 % comparativement aux 10 800 Chinois très riches ayant émigré en 2022. Et certaines données suggèrent qu’une proportion importante choisit de faire de Singapour leur nouveau lieu de résidence. Le nombre de condos de luxe vendus à Singapour à des Chinois riches du continent a doublé au cours des trois premiers mois de 2023, par rapport à la même période un an plus tôt.



Le nombre d’entreprises créées pour gérer le patrimoine d’une seule famille, aussi appelées single family offices, a aussi explosé à Singapour, passant de 50 en 2018 à plus de 1 100 en 2023, la moitié d’entre elles étant destinées à des clients chinois, selon les estimations.

 

Dollars et censure

De nombreux observateurs affirment que les mesures de répression prises par la Chine contre les riches gens d’affaires (en particulier ceux que Beijing considère comme trop influents ou trop critiques à l’égard du gouvernement), ainsi que le climat de restrictions politiques et économiques, sont des facteurs importants incitant les Chinois plus riches à quitter le pays.



La disparition prolongée de Jack Ma en 2020, le fondateur du géant de la technologie chinois Alibaba, après qu’il ait critiqué les régulateurs financiers et les banques de Chine, en est un bon exemple. Ma est réapparu au début de l’année 2021, mais seulement après l’annulation soudaine de l’offre publique initiale d’Ant Group, le propriétaire affilié à Alibaba de la plateforme de paiement mobile Alipay.



La censure par l’État, qui vise en grande partie à étouffer les critiques à l’encontre du président chinois Xi Jinping et de ses politiques, pourrait également pousser les Chinois à quitter le pays. Un exemple récent est l’ordre donné par Beijing aux médias et aux médias sociaux chinois comme WeChat de rester vigilants face aux éloges « trop enthousiastes » de l’ancien premier ministre chinois Li Keqiang, décédé la semaine dernière. Beijing semblerait craindre que la vénération de Li ne soit une critique dissimulée de Xi, qui est revenu sur plusieurs réformes économiques introduites par Li, en faveur d’un pouvoir plus centralisé.