L’enquête sur l’ingérence étrangère commence avec Beijing et New Delhi

La séance d’ouverture de l’enquête sur l’ingérence étrangère au Canada a débuté lundi. Cette enquête examinera, entre autres, l’ingérence présumée de la Chine, de la Russie et « d’autres États étrangers », dont l’Inde, dans les élections fédérales de 2019 et 2021. La juge Marie-Josée Hogue, qui dirige l’enquête publique de la Commission sur l’ingérence étrangère, a déclaré qu’elle chercherait à « découvrir la vérité, quelle qu’elle soit ».  

Les audiences préliminaires de cette semaine établiront ce que la Commission peut (et ne peut pas) divulguer au public pour des raisons de sécurité nationale. En mars, des rencontres plus substantielles se concentreront sur la manière dont l’ingérence électorale s’est produite et sur le flux d’information vers les décideurs de haut rang, y compris les élus, avant, pendant et après les élections. La Commission remettra un rapport intermédiaire en mai et un rapport final au plus tard le 31 décembre 2024.  
 

Un groupe de défense des droits des Ouïghours se retire  

Le Projet de défense des droits des Ouïghours, en anglais Uyghur Rights Advocacy Project (URAP), un groupe de défense des droits de la personne représentant les Canadiens d’origine ouïghoure, s’est retiré de l’enquête mercredi. Dans un communiqué publié hier, l’URAP a déclaré qu’il n’était pas d’accord avec la décision de la Commission d’inclure trois hommes — Michael Chan, Han Dong et Yuen Pau Woo — dans le processus.

M. Chan, ancien ministre libéral du cabinet de l’Ontario, et M. Dong, député désormais indépendant, bénéficient d’un statut à part entière dans l’enquête leur permettant de contre-interroger les témoins et d’accéder à toutes les preuves fournies à la Commission. M. Woo, sénateur indépendant, a le statut moins important d’intervenant.  

L’URAP a déclaré que les trois hommes ont « des liens possibles avec le Parti communiste chinois et le soutiennent », une accusation que Chan, Dong et Woo ont tous rejetée. Le groupe a déclaré qu’il « refuse de participer à un processus destiné à traiter et à réconcilier l’ingérence étrangère qui favorise les individus complices et bénéficiant eux-mêmes de l’ingérence étrangère ».   
 

L’enquête risque de peser sur les relations entre l’Inde et la Chine        

La semaine dernière, à la surprise générale, la Commission a demandé de l’information concernant l’ingérence présumée de l’Inde dans les élections de 2019 et de 2021. New Delhi n’a pas encore réagi à ce sujet. Cependant, certains médias indiens ont réagi avec consternation.

Suyesha Dutta, boursière de recherche sur l’Asie du Sud à la FAP Canada, a déclaré à Observatoire Asie que les médias indiens, au lieu de s’attarder sur les allégations contre New Delhi, se sont concentrés sur la tentative du premier ministre canadien Justin Trudeau de « ternir » l’image de l’Inde par le biais de l’enquête et sur le fait qu’il héberge des « éléments séparatistes » au sein de son gouvernement.  

Jody Thomas, conseillère à la sécurité nationale et au renseignement auprès du premier ministre, a déclaré vendredi dernier dans une entrevue avec la CBC que le Canada « s’efforce de retrouver des relations plus saines » avec l’Inde après des mois de tensions. L’inclusion de l’Inde dans l’enquête pourrait compliquer ces efforts.