La déclaration de loi martiale choque la Corée du Sud alors que Yoon dérive

Dans un revirement surprenant mardi soir, le président de la Corée du Sud Yoon Suk Yeol a déclaré une loi martiale, semant la «confusion et l’incrédulité» partout en Corée du Sud, le tout suivi d’un vif mouvement de protestation et d’une annulation tout aussi précipitée de la motion par l’Assemblée nationale menée par l’opposition, éludant de peu une crise constitutionnelle qui, le lendemain, apparaissait comme un vague mauvais rêve.

Dans un discours télédiffusé mardi autour de 22h30, Yoon a déclaré que la loi martiale était nécessaire pour «protéger la démocratie libérale» contre «les forces anti-étatiques» et pour «protéger la sécurité du peuple».

Après le décret du président Yoon, 300soldats auraient été vus en train de tenter d’entrer à l’Assemblée nationale, tandis que des manifestants à l’extérieur de la législature confrontaient la police, scandant: «Abolissez la loi martiale!»

Peu après minuit, l’assemblée législative monocamérale du pays a voté pour lever le décret. L’ensemble des 190législateurs présents – sur un total potentiel de 300 –ont voté en faveur de l’abrogation. À 4h20, le président Yoon a déclaré son intention d’honorer le vote et, à la suite d’une réunion du Cabinet, a levé la loi martiale. Par la suite, l’ensemble du cabinet de Yoon ainsi que tous ses collaborateurs ont présenté leur démission.

Le Parti du pouvoir au peuple de Yoon possède 108sièges à l’Assemblée nationale. Le principal parti d’opposition, le Parti démocratique, détient 170sièges.

L’avenir politique du président est incertain; un vote de destitution est attendu plus tard cette semaine et les appels à la démission sont en nombre croissant. Au moins huit législateurs du parti de Yoon devraient voter de concert avec les partis d’opposition afin de l’évincer.
  

L’impasse parlementaire et les scandales hantent Yoon

Le dirigeant sud-coréen en difficulté patauge dans des débats parlementaireset des scandales depuis son entrée en fonction en mai2022, à la suite d’une écrasante victoire à l’élection présidentielle contre Lee Jae-myung du Parti démocrate.

La semaine dernière, Yoon a posé son veto contre un projet de loi adopté par l’Assemblée nationale et appelant à une enquête sur les allégations de corruption entourant sa femme; il s’agit de sa 12eutilisation de son pouvoir de veto depuis2022.

Un sondage publié le 15novembre par Yonhap New Agency laissait croire que la cote de popularité de Yoon était d’à peine 20%. Soixante-et-onze pour cent des répondants à ce sondage présentaient une opinion négative de Yoon.
  

Recul du parti et de l’opposition

Han Dong-hoon, dirigeant actuel du parti et ancien ministre de la justice au cabinet de Yoon, a qualifié le décret de loi martiale « d’erreur ». Le chef de l’opposition Lee l’a qualifiée « d’illégale et inconstitutionnelle ».

Le décret de Yoon aurait interdit « toute activité politique ». Les rassemblements et les grèves ont été bannis en vertu du décret, qui soumettait également les médias « à l’autorité du commandement de la loi martiale ».

Il s’agissait de la première fois depuis 1979 que la loi martiale était déclarée au pays. La démocratie a remplacé la dictature militaire en Corée du Sud en 1987.

En 2016, la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a été destituée par l’Assemblée nationale pour abus de pouvoir. La cour constitutionnelle de Corée du Sud a soutenu la destitution dans un vote 8 contre 1, et Park a été démise de ses fonctions.

Ottawa a conseillé aux Canadiens en Corée du Sud de « faire preuve de prudence » et « d’éviter les manifestations et les grands rassemblements ».