Le Canada et les États-Unis font le point sur leurs relations avec la Chine : discussions, voyages et TikTok

Après quatre années en poste, l’ambassadeur de Chine au Canada, Cong Peiwu, quitte Ottawa. Au cours de son affectation, les relations Canada-Chine ont fait face à une succession de crises, notamment celles relatives aux « deux Michael », à la COVID-19, aux désaccords sur la technologie 5G, à Huawei et à la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong, aux sanctions réciproques ainsi qu’aux expulsions en guise de représailles, aux interdictions d’exportation, aux interceptions aériennes dangereuses, aux survols et aux fusées éclairantes, au ballon-espion d’une grosseur de 200 pieds, et plus récemment, à l’enquête du Canada sur l’ingérence étrangère.

M. Peiwu a su partir avec tact, déclarant lors de sa dernière entrevue avec les médias que des « relations tendues [...] ne sont pas ce que nous aimerions voir », avant de réitérer son désir d’entretenir un « dialogue franc et constructif. » Le prédécesseur de M. Peiwu, Lu Shaye, était perçu comme un « loup combattant » et faisait souvent les grands titres lorsqu’il accusait le Canada « d’égotisme et [de] suprématie blanche ». Le caractère et le style du prochain ambassadeur de Chine pourraient bien correspondre à l’orientation que souhaite donner Beijing à la relation bilatérale.

Pour le moment, les relations semblent pencher vers un rapprochement difficile, alors que le ministre canadien des Affaires étrangères, David Morrison, s’est rendu en Chine la semaine dernière pour rencontrer le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu. Ottawa n’a ni annoncé officiellement le voyage de M. Morrison, ni publié de communiqué. Un rapport sommaire de Beijing indiquait que M. Morrison et M. Zhaoxu ont « échangé leurs points de vue » sur les relations bilatérales.

Cette visite discrète, qui prépare peut-être le terrain pour un voyage de la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, constitue un exemple de ce que cette dernière a qualifié de « diplomatie pragmatique » dans un discours de 2023 : « Nous ne pouvons pas nous permettre de nous dissocier de ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord. »
 

Blinken visite la Chine alors que TikTok vacille

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken se trouve également en Chine, où il rencontrera le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi pour discuter de coopération entre forces militaires, d’intelligence artificielle, de circulation du fentanyl aux États-Unis et des préoccupations de Washington concernant le soutien continu de Beijing pour la guerre de la Russie contre l’Ukraine.

Le voyage de M. Blinken fait suite à l’adoption par le Congrès de projets de loi sur l’aide extérieure attendus depuis longtemps – y compris un projet de loi prévoyant des milliards de dollars pour Taïwan – en plus d’un projet de loi qui pourrait bannir TikTok aux États-Unis ou en obliger la vente d’ici un an.

En septembre 2023, Ottawa a lancé un examen de la sécurité nationale de TikTok, toujours en cours, et a banni TikTok des appareils gouvernementaux en février 2023.
 

Les prouesses techniques de la Chine

Une journée avant que la Chambre des représentants adopte diverses mesures, y compris des mesures d’aide, le président chinois Xi Jinping a inauguré de nouvelles sections militaires dans les domaines de l’information, de l’espace et des cyberopérations dans le cadre de la « réorganisation militaire la plus radicale de la Chine en près d’une décennie », selon Nikkei. M. Jinping a dit que, plus précisément, la force de soutien informationnel actualisée « joue un rôle important lorsqu’il s’agit de [...] gagner une guerre moderne. »

Une réorganisation se profile alors que les représentants des États-Unis mettent en garde contre les prouesses technologiques de la Chine. La semaine dernière, le directeur du FBI, Christopher Wray, a affirmé que les pirates chinois sont « au moins 50 fois plus nombreux que les membres du personnel spécialisés en cyberdéfense du FBI », en plus de révéler que le FBI a découvert que « la République populaire de Chine aurait accédé plusieurs fois » aux secteurs américains des télécommunications, de l’énergie et de l’eau. En février, le président du U.S. Space Command a déclaré que Beijing développait ses capacités spatiales militaires « à un rythme impressionnant ».