La démission brusque du président du Vietnam, Vo Van Thuong, le 20 mars dernier (la deuxième démission de la sorte en deux ans) a ébranlé certains investisseurs étrangers et soulevé des questions sur la stabilité politique du pays. Bien que la présidence soit en grande partie un rôle cérémonial, M. Thuong était tout de même le deuxième dirigeant le plus puissant du Parti communiste vietnamien.
Le Parti communiste vietnamien s’est montré discret quant aux raisons du départ anticipé de Thuong, mais de nombreux observateurs pensent qu’il a été impliqué dans la campagne anticorruption « fournaise ardente » qui a acculé des milliers de fonctionnaires et d’entrepreneurs vietnamiens depuis son lancement en 2016.
Les allégations à l’encontre de M. Thuong remontent à l’époque où il était secrétaire provincial, soit de 2011 à 2013. Avec l’intensification de la campagne anticorruption, certains analystes pensent que les membres du Parti aspirant à la présidence utilisent cette campagne pour éliminer leurs rivaux politiques, en particulier dans la perspective du prochain Congrès national qui se tiendra en 2026.
Traverser la tempête
Bien que la démission de M. Thuong ait eu des répercussions immédiates (la bourse de Hô Chi Minh-Ville a chuté de 3 % dans les heures qui ont suivi la publication de l’affaire), l’impact économique a été limité.
La semaine dernière, des entreprises vietnamiennes et néerlandaises ont conclu 18 nouveaux accords commerciaux, une délégation commerciale américaine a amené des poids lourds comme Meta et Boeing, et une mission commerciale d’Équipe Canada comptant plus de 135 entreprises et organisations est arrivée au Vietnam le 26 mars. De plus, Exportation et développement Canada a annoncé ce matin l’ouverture d’un bureau de représentation commerciale cet automne à Ho Chi Minh-Ville.
Des nuages à l’horizon?
Les effets de l’instabilité politique récente pourraient cependant se faire ressentir à plus long terme. Comme le souligne le groupe de renseignement américain Stratfor, la campagne anticorruption « fournaise ardente » augmente la perception du risque et pourrait influencer la planification à long terme des investisseurs dans les secteurs à long horizon temporel, comme l’infrastructure, l’énergie et la fabrication. Ces trois secteurs en particulier sont essentiels aux plans du Vietnam visant à stimuler son développement économique au cours des décennies à venir.