Un exercice surprise de tir réel, effectué par la marine chinoise en eaux internationales entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, a forcé des dizaines de vols commerciaux à changer de trajectoire et a soulevé de nouvelles questions sur le désir de Beijing de stabiliser ou d’approfondir ses relations avec les deux pays.
L’exercice militaire de la Chine dans la mer de Tasman a forcé 49 vols commerciaux à dévier leur trajectoire. Les autorités de l’aviation australienne ont déclaré avoir découvert la tenue de l’exercice 30 minutes avant son début, l’apprenant non pas par Canberra ou Beijing, mais bien par un pilote qui se dirigeait vers la zone.
La flottille de la marine chinoise en question, constituée d’une frégate, d’un croiseur et d’un navire de ravitaillement, a procédé à un exercice similaire en eaux internationales samedi. Le ministre de la Défense de la Nouvelle-Zélande a qualifié l’exercice de « sans précédent ».
Les navires chinois sont rentrés mardi dans la zone économique exclusive de l’Australie, selon la Force de défense australienne, et ont été repérés à seulement 160 milles nautiques à l’est de Hobart, en Tasmanie, une distance à peu près équivalente à la longueur du lac Ontario.
Le premier ministre australien Anthony Albanese a déposé une protestation diplomatique formelle auprès de Beijing, mais a insisté dans une déclaration sur le fait que l’exercice n’a enfreint aucune loi internationale. Les experts conservateurs et les politiciens de l’opposition ont qualifié sa réponse de « faible ».
L’incident remet en question les progrès de M. Albanese dans la « stabilisation des relations » avec la Chine – un engagement marquant en matière de politique étrangère – et les motivations de Beijing à poursuivre les exercices. Les exercices ont souligné les impressionnantes capacités navales de la Chine, ce qui démontre sa puissance et, possiblement, son irritation envers l’Australie et la Nouvelle-Zélande au sujet, par exemple, des récents exercices conjoints dans la mer de Chine méridionale et l’intérêt de Wellington à se joindre à l’AUKUS.
L’Australie procédera à des élections fédérales le 17 mai ou avant. Un sondage effectué la semaine dernière suggère que la « coalition » rivale – un partenariat de longue date entre le Parti libéral et le Parti national – battrait le Parti travailliste de M. Albanese aux urnes.
Luxon appelle au calme
Le premier ministre néo-zélandais Christopher Luxon a fait écho à Anthony Albanese, déclarant aux journalistes « qu’il n’y a rien d’illégal ici en termes de… loi internationale ». Le problème, a déclaré M. Luxon, est le court préavis, « surtout sur une route aérienne très fréquentée ».
Le ministre des Affaires étrangères et vice-premier ministre néo-zélandais Winston Peters devrait terminer aujourd’hui un voyage de trois jours en Chine. Mercredi, M. Peters a discuté des exercices de tir réel et d’un récent accord controversé entre Beijing et les Îles Cook – un pays indépendant en « association libre » avec la Nouvelle-Zélande, abritant environ 17 000 habitants – avec son homologue chinois, Wang Yi.
La Chine est le plus important partenaire d’échange de la Nouvelle-Zélande depuis 2017. Les échanges bilatéraux ont atteint 30,7 milliards $ CA en 2023.
Tokyo et Manille cherchent à désamorcer un milieu « de plus en plus grave »
Le Japon et les Philippines, deux pays qui ont fait part de leurs inquiétudes quant au comportement maritime de la Chine, ont pris des mesures pour renforcer leur coopération bilatérale plus tôt cette semaine.
Le ministre japonais de la Défense, Nakatani Gen, a rencontré lundi son homologue philippin, Gilbert Teodoro, à Manille. Les deux ministres se sont entendus pour accroître le partage d’information et les escales dans les ports, et d’entamer des discussions sur la manière de mieux partager les renseignements militaires confidentiels.
M. Teodoro a déclaré chercher à renforcer les liens avec Tokyo pour dissuader « les tentatives unilatérales de la Chine et d’autres pays de modifier l’ordre international et la trame narrative ».