Les ministres des Affaires étrangères de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud se réunissent à Tokyo pour un sommet trilatéral

Les ministres des Affaires étrangères de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud se sont réunis à Tokyo la semaine dernière pour une journée de réunions portant sur le commerce, la politique étrangère et les « points chauds » régionaux et mondiaux. C’était également l’occasion pour eux d’exposer leurs griefs, anciens et nouveaux.

La Chine a qualifié le sommet du printemps – la 11e réunion des ministres des Affaires étrangères des trois pays – de nouvelle étape réussie dans le « réchauffement » des relations trilatérales. La Corée du Sud et le Japon se sont montrés plus circonspects, s’engageant principalement à entretenir, plutôt qu’à intensifier, leurs relations avec la Chine.

Un compte rendu japonais des 80 minutes de discussion fait état d’un engagement commun à travailler à la réalisation de trois objectifs quelque peu flous : « mieux se connaître », coopérer pour « façonner et protéger » les moyens de subsistance et affronter les défis communs.

Des désaccords sont survenus tant sur des questions nouvelles que sur des problèmes de longue date. Lors d’une discussion sur l’Ukraine, le ministre japonais des Affaires étrangères, Iwaya Takeshi, a souligné que « les tentatives unilatérales de modifier le statu quo par la force ne devraient être tolérées nulle part dans le monde », un commentaire qui visait probablement à la fois Moscou et Beijing.

M. Iwaya a rencontré séparément son homologue chinois, Wang Yi. Il a insisté auprès de M. Wang pour qu’il lève les restrictions à l’importation de certains produits japonais, a réitéré l’importance de la stabilité dans le détroit de Taïwan et a critiqué la détention par la Chine de ressortissants japonais et ses incursions dans les eaux entourant les îles Senkaku (que la Chine revendique également et désigne sous le nom d'îles Diaoyu).

Les deux parties ont également organisé un forum économique de haut niveau pour la première fois depuis six ans, afin de discuter de leurs « situations économiques respectives ». Pour sa part, M. Wang a suggéré que les négociations en vue de l’accord de libre-échange entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud, actuellement au point mort, « devraient reprendre » bientôt.

La Corée du Sud et le Japon ont également tenu une réunion bilatérale, portant principalement sur les relations entre le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis. Le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Cho Tae-yul, a déclaré la semaine dernière que la coopération entre Séoul et Tokyo était « absolument essentielle ».

En 2023, les cinq principaux marchés d’exportation de la Chine étaient les États-Unis, Hong Kong, le Japon, l’Allemagne et la Corée du Sud. La même année, la Chine a importé plus de marchandises de la Corée du Sud (d’une valeur de 162 G$ US) que de tout autre pays.
 

L’unité dans l’œil du spectateur

Dans une attaque contre les États-Unis, les médias publics chinois ont salué ces rencontres et les ont qualifiées de « contre-mesure forte face aux initiatives unilatérales et protectionnistes de certains pays ».

Un communiqué chinois a cité le premier ministre japonais Ishiba Shigeru, qui a accueilli les ministres des Affaires étrangères en visite, disant que le Japon « respecte » les positions de la Chine telles qu’elles ont été exposées par M. Wang. Tokyo a toutefois fait valoir que M. Ishiba n’avait fait « aucune déclaration de ce type » et a réclamé le retrait de la citation. (La citation est toujours en ligne au moment où nous écrivons ces lignes.) Pour Beijing, il ne s’agit peut-être que d’un vœu pieux : Séoul et Tokyo ont resserré les liens avec Washington ces dernières années et restent réticents à l’idée de se rapprocher pleinement de la Chine. M. Cho a récemment laissé entendre que la Corée du Sud cherchait à équilibrer les influences des États-Unis et de la Chine.

La Corée du Sud n’a pas de direction stable depuis que le président Yoon Suk-yeol a déclaré (et annulé brusquement) la loi martiale le 3 décembre. M. Yoon attend de voir si la Cour constitutionnelle de Corée du Sud confirmera ou rejettera sa mise en accusation. C’est peut-être en raison de cette incertitude politique que le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a décidé de ne pas se rendre en Corée du Sud lors de sa première tournée en Asie, préférant opter pour le Japon et les Philippines.
 

L’« offensive de charme » de la Chine s’essouffle

Il semble que Beijing cherche également à se rapprocher d’Ottawa. La semaine dernière, l’ambassadeur de la Chine au Canada, Wang Di, a déclaré au Globe and Mail que « la Chine est prête à s’engager dans une coopération avec le Canada », évoquant un « énorme potentiel ».

Quelques jours avant la publication de l’entrevue, il a toutefois été révélé que la Chine avait exécuté quatre citoyens canadiens plus tôt en 2025 pour ce que Beijing a suggéré être des crimes liés à la drogue. Ottawa a fermement condamné cette décision. Le lendemain, des droits de douane chinois sur l’huile de canola, les fruits de mer, le porc et d’autres produits canadiens sont entrés en vigueur.

Le prochain premier ministre du Canada – et l’orientation de la politique canadienne à l’égard de la Chine et de l’Asie en général – sera déterminé à l’issue des élections fédérales du 28 avril.