Le 3 mai, la Chine a lancé sa mission spatiale Chang’e-6, une mission « complexe et ambitieuse » qui, si elle réussit, sera la première à collecter des échantillons sur la face cachée de la Lune. Cette mission, ainsi que d’autres « premières » sur la Lune, sur Mars et au-delà, renforcent les projets de la Chine de devenir une superpuissance spatiale d’ici 2045De nombreux signes montrent déjà que la Chine adopte des politiques et réalise les investissements nécessaires à cet effet. En avril, le président chinois Xi Jinping a annoncé la plus vaste réorganisation de l’Armée populaire de libération (APL) depuis dix ans, en mettant l’accent sur le renforcement de la présence militaire chinoise dans l’espace. Dans son livre blanc 2022, Beijing a présenté une série de politiques spatiales axées sur la défense de la sécurité nationale de la Chine, l’essor de son secteur spatial commercial, la stimulation de l’innovation et la réalisation de progrès dans des domaines tels que les services satellitaires, le tourisme spatial et l’extraction de ressources.

La forte augmentation de ses dépenses spatiales ne laisse aucun doute quant aux ambitions de la Chine : ces dépenses sont passées de 3 milliards de dollars canadiens en 2022 à 19,5 milliards de dollars canadiens en 2023. Bien que la Chine soit encore à la traîne par rapport aux États-Unis, dont les dépenses sont estimées à 100 milliards de dollars canadiens en 2023, ses investissements portent leurs fruits non seulement dans les programmes menés par l’État, mais aussi dans son programme commercial, qui favorise les progrès technologiques, notamment dans la conception des engins spatiaux, les systèmes de propulsion et la robotique.

Mais le rôle de la Chine dans le paysage spatial mondial, qui évolue et croît rapidement, suscite l’inquiétude de certains autres acteurs de l’exploration spatiale. Plus précisément, le programme spatial de Beijing s’inscrit dans le cadre plus large de la concurrence entre les États-Unis et la Chine, avec des dimensions diplomatiques, militaires et économiques évidentes, notamment des préoccupations concernant les armes chinoises permettant de lancer des contre-attaques dans l’espace, les menaces de cybersécurité et le potentiel d’exploitation des ressources lunaires. Une partie de cette concurrence implique la formation de partenariats avec d’autres acteurs de l’espace établis et émergents, y compris le Canada. Il reste à voir si les États-Unis, la Chine et d’autres pays peuvent trouver des moyens de collaborer dans l’espace tout en essayant de gérer les tensions dans leurs relations sur terre.

Histoire et étapes du programme spatial chinois

Le parcours de la Chine pour devenir une puissance spatiale s’étend sur six décennies, en commençant par le lancement et la récupération d’une fusée en 1964. Six ans plus tard, en 1970, elle est devenue le cinquième pays (après l’Union soviétique, les États-Unis, la France et le Japon) à lancer elle-même – c’est-à-dire sans dépendre des capacités de lancement d’autres puissances spatiales – un satellite artificiel, le Dong Fang Hong 1. Dans les années 1980, sous la direction de Deng Xiaoping, le programme spatial chinois est devenu plus structuré et a été guidé par un programme de développement scientifique et technologique appelé Programme 863. Cette initiative a jeté les bases du Projet 921, également connu sous le nom de programme spatial habité chinois, qui, en 1992, a défini les objectifs du pays en matière d’envoi d’astronautes (également appelés « taïkonautes ») dans l’espace et de construction d’une station spatiale orbitale. En 1993, Beijing a créé son agence spatiale nationale, l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA). Ce soutien institutionnel a permis à la Chine de lancer son premier vaisseau spatial sans pilote en 1999 et d’envoyer son premier taïkonaute dans l’espace en 2003.

En 2019, après plusieurs années de progrès (voir la chronologie ci-dessous), le programme spatial chinois a commencé à franchir d’autres étapes impressionnantes. Cette année-là, la Chine est devenue le premier pays à se poser sur la face cachée de la Lune. En 2020, la mission Tianwen-1 a fait atterrir la première astromobile sur Mars. Fin 2022, la Chine a achevé la construction de la station spatiale Tiangong, et des plans d’expansion sont déjà en cours. Ces projets ne tarderont pas à porter leurs fruits : la Station spatiale internationale devrait être mise hors service en 2031 et, à ce moment-là, la station Tiangong sera la seule station en orbite. Entre-temps, d’ici la fin de la décennie, la Chine prévoit d’envoyer des astronautes sur la Lune, d’explorer le système solaire externe et, grâce à sa mission Tianwen-4 dont le lancement est prévu en 2029, d’explorer l’une des 95 lunes de Jupiter (Callisto) et d’effectuer un survol d’Uranus.

Le secteur spatial commercial chinois

En plus de surveiller les implications des réalisations décrites ci-dessus, les partenaires et concurrents de la Chine suivent également de près la croissance de son secteur spatial commercial. En 2023, 17 des 67 lancements de fusées chinoises ont été effectués par des acteurs spatiaux commerciaux. En juillet 2023, LandSpace, l’une des premières entreprises spatiales commerciales chinoises, a lancé une fusée spatiale propulsée au méthane et à l’oxygène liquide, la première du genre. En 2024, le site de l’entreprise sur l’île de Hainan procédera au lancement inaugural de la fusée. Au début de 2023, deux autres entreprises chinoises – Hong Kong Aerospace Technology Group et Touchroad – ont signé un protocole d’entente d’une valeur de plus de 1,3 milliard de dollars canadiens avec le gouvernement de Djibouti pour construire la première base spatiale chinoise à l’étranger dans ce pays (Djibouti abrite également la seule base navale chinoise à l’étranger). Dans le cadre du protocole d’entente, la base spatiale sera achevée d’ici 2027 et cogérée pendant 30 ans avant d’être transférée au gouvernement de Djibouti.

Cependant, étant donné le rôle des entreprises d’État dans le secteur commercial chinois, la frontière entre les entreprises spatiales publiques et privées est floue, d’où la difficulté de juger de leur ampleur. L’entreprise publique China Satellite Network Group en est un exemple. À l’image du projet StarLink de la société américaine SpaceX, cette entreprise prévoit de lancer jusqu’à 26 000 satellites faisant partie d’une constellation Internet à l’échelle mondiale entre 2024 et 2029.

Sites de lancement spatial en Chine
Conception graphique : Chloe Fenemore

Les secteurs public et privé sont également impliqués dans les projets d’infrastructure liés à l’espace de la Chine, notamment la composante spatiale de l’initiative La Ceinture et la Route. Également appelée « Route de la soie spatiale », cette initiative porte sur les satellites, la navigation et la localisation. Le système chinois de navigation par satellite BeiDou, une solution de rechange au GPS, compte 45 satellites en orbite et 120 stations terrestres. Il se veut le « ciment numérique » des projets d’infrastructure de l’initiative chinoise La Ceinture et la Route qui s’étendent de l’Afrique de l’Est au Pacifique Sud. Ce système de navigation dirigé par la CNSA a été initialement développé à des fins militaires, mais il est désormais exploité en partenariat avec des entités privées et d’autres gouvernements étrangers à des fins civiles. Il s’agit du plus grand système du genre au monde et il a atteint un niveau de précision qui a suscité des inquiétudes aux États-Unis et au Royaume-Uni, Londres se questionnant sur la capacité de BeiDou à limiter l’accès du Royaume-Uni à l’espace et à permettre à la Chine de surveiller les citoyens britanniques. De nombreux partenaires de Beijing dans le cadre de l’initiative La Ceinture et la Route ne sont toutefois pas dissuadés et sont de plus en plus intéressés à accéder aux services de BeiDou, de la navigation civile au suivi des missiles.

À l’échelle infranationale, les villes et les provinces chinoises constituent d’autres acteurs du secteur spatial chinois. Le plan d’action quinquennal du gouvernement municipal de Beijing, qui commence cette année, vise à encourager l’innovation locale et internationale afin de favoriser les jeunes entreprises et autres entités privées de haute technologie dans le secteur spatial. En 2023, le gouvernement de Shanghai a également publié un plan d’action pour son secteur spatial commercial, et la province du Shandong a formulé des objectifs similaires pour 2030 et 2035. 

Le rôle de la Chine dans la gouvernance mondiale de l’espace et ses partenariats internationaux en expansion

Ce réseau de plus en plus dense d’acteurs spatiaux publics et privés sera pris en compte dans le rôle que jouera la Chine sur le plan international. Parmi les ambitions formulées dans le livre blanc 2022 de Beijing figure la volonté de voir le pays devenir un chef de file dans la création d’un cadre international plus robuste pour la gouvernance de l’espace, grâce à sa participation active à l’élaboration des règles internationales et à la formulation de son propre droit national de l’espace. Au cours des huit dernières années, la Chine a signé au moins 46 accords avec 19 pays et quatre organisations internationales pour promouvoir la coopération spatiale mondiale. En 2016, la Chine a signé un protocole d’entente avec le Bureau des affaires spatiales des Nations unies (BAS-NU) pour étendre l’utilisation de Tiangong à tous les États membres des Nations unies. En avril 2024, la directrice du BAS-NU a salué les efforts de collaboration de la Chine sur la station spatiale Tiangong, les qualifiant de bénéfiques pour toute l’humanité.

Ce type de collaboration internationale a valu à Beijing un capital de sympathie diplomatique considérable. Par exemple, en travaillant avec le BAS-NUla Chine collabore avec de nouveaux acteurs spatiaux comme l’Arabie saoudite pour mener des expériences dans l’espace à partir de Tiangong. Elle a également accueilli d’autres pays du Conseil de coopération du Golfe pour participer à des missions conjointes dans sa station spatiale et a « financé, construit et lancé » des satellites pour des pays avec lesquels elle entretient des relations étroites – notamment le Laos et le Pakistan – dans le cadre d’un contrat de livraison en orbite selon lequel la Chine vend et lance des satellites en leur nom. Cette entente permet à la Chine d’être concurrentielle dans un marché qui a longtemps été dominé par les États-Unis.

La Chine a également créé un partenariat étroit avec la Russie, une puissance spatiale majeure, bien qu’en déclin. La Station de recherche lunaire internationale (ILRS) est une initiative conjointe de la Chine et de la Russie visant à construire une base sur le pôle Sud de la Lune. D’ici 2050, l’ILRS devrait être pleinement fonctionnelle pour la recherche lunaire et ses plateformes de lancement lunaires devraient permettre de réaliser des missions interplanétaires avec équipage. Dix pays se sont engagés à participer à l’ILRS : l’Afrique du Sud, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, l’Égypte, le Pakistan, la Russie, la Thaïlande, la Turquie et le Venezuela.

Ce partenariat croissant autour de l’ILRS est considéré comme un concurrent des accords Artemis, menés par les États-Unis. Ces accords non contraignants renforcent les dispositions du Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967 sur la base des interprétations américaines de l’extraction des ressources autorisée par le traité. Les accords ont été signés par trente-neuf États, dont l’Inde et plusieurs proches alliés des États-Unis, notamment le Canada et la Corée du Sud. Toutefois, certains de ces mêmes pays – la France, l’Allemagne, l’Inde et le Japon – ont également rejoint la Chine dans le cadre de projets liés au dernier module de sa station spatiale Tiangong.
 

Chronologie
Conception graphique : Chloe Fenemore

Concurrence croissante entre la Chine et les États-Unis dans la nouvelle course à l’espace

Les États-Unis constituent une exception notable à la liste croissante des partenaires de la Chine dans le domaine spatial. La Chine ne fait pas partie de plusieurs partenariats internationaux clés, comme la Station spatiale internationale et les missions Artemis, principalement en raison des objections de Washington. Le Congrès américain, en vertu de l’amendement Wolf (2011), interdit à la NASA d’utiliser des fonds fédéraux pour s’engager bilatéralement avec la Chine dans la coopération spatiale. En outre, dans le cadre de leur règlement sur le trafic international d’armes, les États-Unis restreignent également l’exportation de pièces de satellites vers la Chine s’ils estiment que ces exportations pourraient constituer une menace militaire.

Lors d’une récente audience du Congrès américain, le directeur de la NASA, Bill Nelson, a déclaré que « le programme spatial civil de la Chine est un programme militaire ». Dans son rapport 2023le Bureau du directeur du renseignement national (ODNI) des États-Unis a décrit le secteur spatial chinois comme une menace pour la sécurité des États-Unis. Il souligne l’aspiration de la Chine à dépasser les États-Unis d’ici 2045, ce qui pourrait « éroder l’influence des États-Unis dans les domaines militaire, technologique, économique et diplomatique ». Sa principale préoccupation – et l’un des facteurs qui ont motivé l’interdiction du Congrès – est le rôle joué par l’APL dans des domaines comme la navigation et la reconnaissance par satellite. Sur les plus de 700 satellites que la Chine a mis en orbite, 245 sont utilisés à des fins militaires (en comparaison, l’Inde ne possède que 26 satellites militaires sur plus de 120). Par ailleurs, les stations terrestres, outre le suivi et la communication par satellite, peuvent être utilisées pour porter atteinte à la vie privée, brouiller les satellites et suivre les moyens de surveillance et les lancements de missiles étrangers.

Les alliés de Washington ont également annulé des contrats avec la Chine pour des raisons de sécurité. En 2020, la Swedish Space Corporation (SSC) a décidé de ne pas renouveler les contrats pour une station terrestre chinoise située à Kiruna, en Suède, car elle craignait que les données recueillies par la station ne soient utilisées à des fins de renseignement militaire, ce qui constituerait une violation des conditions d’utilisation de la SSC. La même année, la SSC a décidé de ne pas renouveler d’autres contrats avec la Chine pour des stations terrestres en Australie et au Chili. La collaboration spatiale entre la CNSA et l’Agence spatiale européenne (ASE) a également été touchée par ces préoccupations; des astronautes européens devaient se rendre à Tiangong d’ici 2022, mais ces projets ont été suspendus par l’ASE, bien que la CNSA et l’ASE aient déjà collaboré sur de nombreux fronts, notamment pour l’exploration de la Lune et de l’espace lointain. Le directeur de l’ASE, Josef Aschbacher, a justifié l’arrêt de la collaboration avec la Chine par l’absence d’approbations « budgétaires et politiques ». Les 22 États membres de l’ASE se concentreront plutôt sur la Station spatiale internationale. La Station spatiale internationale a été construite et est entretenue par cinq agences spatiales : l’ASE, la NASA, l’Agence spatiale canadienne (ASC), l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise (JAXA) et Roscosmos (Russie).

China’s Long March 5B rocket
La fusée chinoise Long March 5B, un système de livraison pour la station spatiale Tiangong, sur le site de lancement du vaisseau spatial de Wenchang, dans la province de Hainan, dans le sud de la Chine, le 23 avril 2021. | Photo : STR/CNS/AFP via Getty Images

Le Canada, partenaire d’Artemis et membre de la Station spatiale internationale, est Le Canada, partenaire d’Artemis et membre de la Station spatiale internationale, est également absent du réseau de collaboration croissant de la Chine. Ottawa s’inquiète de l’ingérence de la Chine dans le secteur spatial canadien. En 2021, un ingénieur de l’ASC a été accusé d’avoir servi d’intermédiaire à la société chinoise Spacety. Bien qu’il ait été acquitté de l’accusation d’abus de confiance, l’ingénieur fait toujours l’objet de mesures disciplinaires. En outre, en janvier 2024, le gouvernement canadien a publié une liste de domaines et d’établissements de recherche sensibles, dont certains se trouvent en Chine, qui pourraient présenter un risque pour la sécurité nationale du Canada. L’Institut d’ingénierie aérospatiale de la Chine du Nord et l’Université d’ingénierie spatiale de Chine figurent notamment sur cette liste. Les chercheurs canadiens travaillant dans ces domaines de recherche sensibles pourraient ne pas avoir accès aux subventions fédérales s’ils ne certifient pas qu’ils ne travaillent pas avec ces établissements ou d’autres organisations figurant sur la liste, ou qu’ils ne reçoivent pas de fonds de leur part, ce qui pourrait avoir des répercussions sur les efforts de recherche en collaboration.

Les dangers et les pièges d’une concurrence non gérée

Si la concurrence dans l’espace est inévitable, la manière dont elle s’exerce peut encore être gérée. Une concurrence non gérée comporte des risques importants, comme la menace pour les infrastructures – et la planète – sur une orbite terrestre de plus en plus encombrée. En 2022, par exemple, deux satellites Starlink de SpaceX ont failli entrer en collision avec la station spatiale habitée Tiangong, qui a dû prendre des mesures d’urgence. La Chine a soumis une note diplomatique à l’ONU pour l’informer de la quasi-collision. Étant donné que près de la moitié des objets en orbite terrestre appartiennent aux États-Unis et à leurs entités privées, et compte tenu du risque croissant de collision avec les satellites chinois, un dialogue constructif et ouvert entre les deux pays assurera sans conteste la sécurité de l’orbite proche de la Terre.

Pour le moment, les États-Unis et leurs alliés, ainsi que la Chine, sont pris dans un dilemme de sécurité dans l’espace, où chaque partie renforce ses défenses militaires en réponse à l’incertitude concernant les activités de l’autre. Mais évoluer dans un environnement aussi « froid, sombre et dangereux » que l’espace rend la collaboration essentielle, compte tenu des coûts et des risques encourus.

Occasions limitées de collaboration

Beijing a exprimé sa volonté de collaborer avec les États-Unis malgré les préoccupations de ces derniers en matière de sécurité. L’Administration spatiale nationale chinoise a évoqué à plusieurs reprises l’amendement Wolf comme un obstacle à une éventuelle coopération avec les États-Unis dans le domaine spatial. Pour que la NASA puisse travailler avec la CNSA, le Bureau fédéral d’investigation (FBI) américain doit certifier qu’il n’y a pas de risque de transfert de technologie ou de violation des droits de l’homme dans le cadre d’une collaboration. En fait, chose rare, en décembre 2023, la NASA a fourni au Congrès américain une telle certification pour obtenir des échantillons lunaires recueillis par la sonde chinoise Chang’e-5 à des fins de recherche. Les échantillons lunaires de Chang’e-5, qui datent d’environ deux milliards d’années, devraient fournir aux scientifiques des renseignements uniques sur les origines et la composition de la Lune. La Chine a invité les chercheurs du monde entier à accéder aux échantillons à des fins de recherche, une action qu’elle déclare conforme à son objectif d’explorer et de développer l’espace de manière pacifique tout en s’engageant dans la coopération internationale.

La coopération internationale dans l’espace, un espace public mondial, ne réduit pas seulement les coûts et les risques pour les nations participantes, mais peut également avoir un « intérêt diplomatique », en particulier lorsque la coopération n’a pas été la norme. Les États-Unis et la Russie/l’Union soviétique ont coopéré dans le cadre de nombreuses initiatives spatiales, notamment le projet Apollo-Soyouz (à l’époque de la guerre froide) visant à tester une mission internationale de sauvetage dans l’espace, dont l’exercice a été couronné de succès en 1975. Malgré les tensions liées à la guerre en Ukraine, la Russie et les États-Unis continuent de travailler ensemble sur la Station spatiale internationale. En mars, la fusée Falcon 9 de SpaceX a transporté trois astronautes américains et un cosmonaute russe vers la Station spatiale internationale dans le cadre de la mission Crew-8, d’une durée de six mois, qui permettra de mener plus de 200 expériences scientifiques.

Cette coopération entre les États-Unis et la Russie/l’Union soviétique, qui était nécessaire et a apporté de nombreux avantages, offre un modèle de coopération potentielle entre les États-Unis et la Chine. Un tel modèle de collaboration avec la Chine devra tenir compte de l’état actuel de la technologie, qui présente des menaces plus importantes en matière de sécurité militaire et de cybersécurité. Les deux pays pourraient toutefois coopérer dans des domaines où la menace militaire est moindre, comme l’exploration de l’espace lointain.

Quelles sont les prochaines étapes des ambitions célestes de la Chine? 

Les réalisations technologiques impressionnantes de la Chine et ses futures ambitions dans l’espace sont renforcées par son influence croissante et ses tentatives de montrer la voie en matière de coopération internationale. Le programme spatial national de Beijing et son secteur spatial commercial en plein essor propulsent le pays au premier rang des principales nations spatiales du monde.

Tout en menant son propre programme spatial national, la Chine tient également à se forger une réputation d’État collaborateur qui respecte l’ordre international fondé sur des règles dans l’espace. Les États-Unis et leurs alliés sont sceptiques à ce sujet, et une nouvelle course à l’espace demeure une possibilité réelle – certains disent même qu’elle est déjà lancée.
 

• Rédacteurs : Vina Nadjibulla, vice-présidente recherche et stratégie, FAP Canada ; Erin Williams, gestionnaire principale de programme, Compétences asiatiques, FAP Canada.
 

Également dans cette série : pour un aperçu des programmes spatiaux mondiaux et asiatiques, veuillez consulter l’introduction de la présente série. Notre prochain rapport portera sur l’Inde et sera suivi de rapports sur le Japon, la Corée du Sud et le Canada.

Hema Nadarajah

Hema Nadarajah, Ph.D., est gestionnaire de programme, Asie du Sud-Est, à la Fondation Asie Pacifique du Canada. Elle est titulaire d'un doctorat en relations internationales de la University of British Columbia, où elle a effectué des recherches sur la gouvernance dans l'Arctique, le changement climatique et l'espace extra-atmosphérique. Mme Nadarajah est conseillère auprès du WWF et a travaillé auparavant pour le gouvernement de Singapour sur des questions de conservation de la biodiversité internationale et de changement climatique.

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