Festival du film japonais 2024 : Sumodo

Movie still

Synopsis : Sumodo: The Successors of Samurai, première réalisation du cinéaste Eiji Sakata, est un documentaire qui explore l’univers énigmatique du sport national du Japon. Il accompagne des rikishis (lutteurs) qui ont choisi le sumo non seulement comme profession, mais comme mode de vie. Durant six mois, la caméra suit Gōeidō et Ryūden, deux rikishis de haut rang, et leur écurie (centre d’entraînement). Le film met en lumière les moments charnières de leur carrière, alors qu’ils sont confrontés à des changements dans leur vie, à des blessures et à des difficultés mentales tandis qu’ils tentent de grimper les rangs de la stricte hiérarchie du sumo.

Qui se cache derrière les rikishis?

Fouillant l’aspect humain du sport, le film de Sakata présente les rikishis comme des athlètes professionnels engagés dans un constant entraînement mental et physique. Il nous montre certes les rikishis en train d’engloutir des montagnes de nourriture et d’enfiler des appareils à CPAP pour combattre l’apnée du sommeil, mais aussi les longues et intenses séances d’entraînement nécessaires pour développer la force, la flexibilité, la vitesse et la technique requises pour gagner et éviter les blessures qui risquent de mettre fin à leur carrière. Alors qu’il se remet difficilement d’une déchirure musculaire, Gōeidō affirme que « chaque jour est comme un accident de la route ».

Le sumo est un monde imprégné de traditionalisme et une manifestation de « courage viril ». Sakata visite deux écuries où les rikishis vivent, mangent, dorment et s’entraînent ensemble durant la majeure partie de leur carrière. Guidés par un « maître d’écurie », généralement un rikishi à la retraite, et par un ensemble de principes qui codifie la philosophie de l’écurie, les rikishis vivent selon des codes moraux stricts dont l’idée sous-jacente est d’être « stoïque... comme un vrai homme ». En revanche, les femmes sont quasi absentes du film et, lorsqu’on en voit, elles n’occupent que des rôles de soutien secondaires.

Le sumo hier et aujourd’hui

Sakata trace des liens directs entre l’histoire de ce sport et la manière dont les samouraïs s’entraînaient autrefois au combat. Pour percer d’une lame l’armure d’un samouraï, il fallait déployer suffisamment de force et d’habileté pour déséquilibrer l’adversaire; cette pratique a évolué au fil des siècles pour devenir un sport-spectacle en soi. Ce mélange du passé et du présent est un thème récurrent tout au long du film.

Aujourd’hui, le sumo demeure l’un des sports les plus populaires au Japon, où les tournois font régulièrement salle comble. Cependant, l’avenir du sumo semble loin d’être assuré. Cette année, moins de 30 aspirants lutteurs se sont présentés lors du processus de recrutement de l’association japonaise de sumo, contre plus de 150 candidats au début des années 1990. Pourtant, si les Japonais sont moins enclins à faire carrière dans le sumo, le nombre de rikishis non japonais est en hausse. Actuellement, deux des trois meilleurs rikishis sont d’origine mongole. En outre, il semble de plus en plus difficile pour les nouvelles générations de rikishis de se montrer à la hauteur de la culture du sumo, axée sur un « cœur pur ». Peu après la sortie du documentaire, un des rikishis présentés dans le film a été suspendu pour conduite inappropriée en dehors du ring.

Sumodo ne tente aucunement de spéculer sur l’avenir du sumo. Le cinéaste propose plutôt un regard de coulisses très personnel, abordant la vie quotidienne des rikishis et cherchant à comprendre comment et pourquoi ils consacrent leurs énergies à devenir champions. Après avoir écouté leur histoire personnelle et vu leur façon de lutter pour surmonter les obstacles et regagner leur rang, pas besoin de s’intéresser au sumo pour être attirés par ce portrait des successeurs modernes des samouraïs.

À propos du JFF Theater

Le JFF Theater est une plateforme de diffusion en continu gérée par la Japan Foundation qui distribue gratuitement des films et des vidéos japonais, avec sous-titres multilingues, dans le monde entier. Sur le site Web, on peut visionner des films et des vidéos japonais à tout moment et en tout lieu. Axé sur le thème « Moved, Touched & Inspired », il vise un public international et cherche à favoriser les liens et à inspirer les échanges entre amateurs de films japonais, récents ou plus anciens.

The views expressed here are those of the author, and do not necessarily represent the views of the Asia Pacific Foundation of Canada.

Alexander Treasure

Chercheur-boursier, Asie du Nord-Est

Siân Jones

Siân Jones est la directrice de programme de la Fondation Asie Pacifique du Canada pour le projet Kakehashi, un programme d’échange de jeunes mis en place par le ministère des Affaires étrangères du Japon et géré au Canada par la Fondation.

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