Festival du film taïwanais de Vancouver 2024 : Old Fox

Movie still

Synopsis : Réalisé par le cinéaste taïwanais Hsiao Ya-chuan, Old Fox nous invite à réfléchir aux choix difficiles de la vie : entre l’insécurité financière et la richesse, entre s’occuper des autres et se mêler de ses propres affaires. L’histoire suit Liao Jie, un garçon de 11 ans déchiré entre les valeurs de Xie, un riche propriétaire foncier que tout le monde appelle « Old Fox », et les idéaux de son père, Liao Tai-Lai, qui lutte pour atteindre la stabilité et lui offrir la sécurité d’un foyer. Situé à la fin des années 1980, dans le contexte des changements économiques accélérés qu’a connus Taïwan, le film examine les conséquences de la hausse des prix de l’immobilier et de l’inflation sur les décisions personnelles. Sur fond d’histoire d’amour qui enrichit le récit, le film offre un portrait nuancé de la culture taïwanaise et dépeint de manière saisissante les défis que doit affronter la classe ouvrière pour réaliser ses rêves de sécurité financière et de mobilité ascendante.

Contexte historique et tensions économiques

Old Fox dépeint de manière poignante la vie d’un père et de son fils qui, dans l’appartement qu’ils louent, s’accrochent à l’espoir d’acheter une maison et d’ouvrir un salon de coiffure pour réaliser le rêve de l’épouse et mère disparue. Le père, qui travaille sans relâche dans un restaurant, promet à son fils qu’ils atteindront leur objectif en trois ans, ce qui pousse le garçon à anticiper avec impatience leur avenir. Toutefois, l’escalade des prix de l’immobilier et la dure réalité économique ne cessent de repousser ce rêve. Le film saisit minutieusement ces difficultés et les pratiques quotidiennes qui les illustrent de façon subtile, mais puissante, comme celle d’éteindre le gaz pour prendre une douche afin d’économiser l’énergie.

Cette fracture économique est évoquée de manière frappante dans une scène poignante où on voit le propriétaire d’un magasin voisin, qui a d’abord réussi en bourse, poussé par l’avidité à tenter de gagner toujours plus. Après un investissement raté qui anéantit ses économies, il se suicide. Cette scène souligne la dure réalité des krachs boursiers et reflète l’éclatement de la bulle économique de Taïwan dans les années 1990, lors d’un spectaculaire effondrement du marché boursier qui a brisé les rêves de millions d’investisseurs.

La lutte entre la compassion et la réussite

La tension entre la réussite économique et la compassion fait partie des thèmes centraux de Old Fox. Le « vieux renard » du titre enseigne au jeune Liao Jie que l’empathie est une faiblesse réservée aux « perdants » (comme son père) et prône l’ambition impitoyable comme voie de la réussite. La vision cynique et effrayante de Xie, qui suggère qu’on peut manipuler les inégalités pour en créer d’autres, choque à la fois le jeune garçon et l’auditoire. Ce contraste saisissant avec la compassion dont fait preuve le père de Liao Jie met les spectateurs au défi de réfléchir au véritable coût de la quête de la richesse et à l’érosion de l’empathie qui l’accompagne trop souvent.

Le prix de la réussite

Loin de se contenter de critiquer l’ambition financière, le film s’intéresse aussi à ce qu’elle nous amène à sacrifier. Malgré sa réussite matérielle, Xie vit une existence marquée par le détachement et l’indifférence. En revanche, le père de Liao Jie accumule les problèmes financiers, mais reste profondément empathique et aimant envers sa famille. Ce contraste nous pousse à remettre en cause notre définition de la réussite. Au bout du compte, Old Fox pose une question profonde : que sommes-nous prêts à sacrifier pour réussir, et cette réussite en vaut-elle vraiment le coût?

À propos du Festival du film taïwanais de Vancouver

Le Festival du film taïwanais de Vancouver (TWFF), une initiative artistique et culturelle à but non lucratif, est présenté chaque année depuis 2007. Aujourd’hui, c’est le plus grand festival du film taïwanais d’Amérique du Nord.

Au cours des 16 dernières années, plus de 100 films taïwanais y ont été présentés et de nombreux cinéastes et réalisateurs ont été invités à Vancouver, créant un lien entre l’art cinématographique taïwanais et les cinéphiles canadiens.

The views expressed here are those of the authors, and do not necessarily represent the views of the Asia Pacific Foundation of Canada.

Tanya Dawar

Tanya Dawar est chercheuse au sein de l'équipe de l'Asie du Sud à la Fondation Asie-Pacifique du Canada. Elle est titulaire d’une maîtrise en politiques publiques et affaires mondiales de l’Université de la Colombie-Britannique, d’une maîtrise en économie de l’Indian Institute of Foreign Trade et d’un B.Sc. en sciences économiques. en mathématiques (avec distinction) de l'Université de Delhi. 

Les intérêts de recherche de Tanya comprennent le commerce international, les questions environnementales et la politique mondiale.

BRICS Summit Advances Global South Solidarity Despite Diverging Priorities International South Asian Film Festival Canada: Boong Modi’s U.S. Visit Underscores India’s Deepening Ties with Washington, Quad Read more >

Woojoo Hong

Woojoo Hong is a Research Scholar at the Asia Pacific Foundation of Canada, funded by the Korea Foundation’s Global Challengers Program. Woojoo holds a master’s in international studies, focusing on International Development and Cooperation, from Korea University.

In South Korea, Global Plastics Treaty Hits Dead End Vancouver International Film Festival: Pol Pot Dancing (Review) U.S.-China Competition Looms Large at Seoul Summit on Use of AI in Military