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Le besoin urgent d’adaptation au climat – et de financement – en Asie

À retenir

Alors que les graves conséquences des changements climatiques se font sentir dans toute l’Asie du Sud et du Sud-Est, l’adaptation – c’est-à-dire la modification des systèmes et des comportements afin de réduire les risques posés par les changements climatiques – devient plus urgente. Même si l’adaptation au climat a pris une place plus importante lors de la 28e Conférence des Parties (COP28) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en décembre 2023, de grandes lacunes subsistent en matière de planification et de financement.

En bref

  • À la COP28, les signataires de l’Accord de Paris ont adopté un cadre pour l’Objectif mondial d’adaptation (OMA), huit ans après sa première annonce. L’OMA établit des cibles pour renforcer la résilience et réduire la vulnérabilité aux changements climatiques. Il met aussi l’accent sur le rôle de la nature, notamment sur la plantation de mangroves pour se protéger des ondes de tempête. Les discussions sur le volet de financement de l’OMA devraient reprendre à la COP29 en novembre 2024.
  • Selon le bilan mondial – l’inventaire des engagements des parties à l’Accord de Paris de 2015 – seulement 51 pays ont présenté des plans d’adaptation nationaux (PAN). De ce nombre, seulement six se trouvent en Asie-Pacifique : le Cambodge et le Timor-Oriental en Asie du Sud-Est, le Népal et le Sri Lanka en Asie du Sud, et les Fidji et Kiribati en Océanie. Le bilan mondial appelle toutes les parties à mettre en œuvre leurs PAN respectifs « axés sur les pays et sensibles au genre » d’ici 2030.
  • Un financement adéquat de l’adaptation est crucial pour la planification de la résilience des pays. Toutefois, un accord international sur le financement de ces efforts a été difficile. Selon le Rapport des Nations Unies sur le déficit de l’adaptation au climat, en 2021, le financement de l’adaptation pour les pays en développement n’était que de 28,4 milliards $ CA, soit 495 milliards de moins que ce qui était nécessaire pour cette année-là. Le Fonds d’adaptation des Nations Unies, l’une des nombreuses initiatives visant à réduire cet écart et à aider les pays en développement à mettre en œuvre des projets d’adaptation locaux, a réussi à obtenir seulement la moitié de son objectif de 400 millions $ CA.
  • Du point de vue de l’investissement, l’un des défis à relever pour combler le déficit de financement de l’adaptation réside dans la difficulté de mesurer les résultats de l’adaptation. L’allocation constitue un autre défi. En effet, un rapport publié par l’OCDE en 2023 indique que, parmi les fonds climatiques fournis aux pays en développement de 2013 à 2021, seulement 27 % ont été alloués à des projets d’adaptation.

Les conséquences

En l’absence d’une stratégie d’adaptation, les pays vulnérables continueront à faire les frais du réchauffement climatique. Les pays d’Asie, une région particulièrement sujette aux catastrophes naturelles et à l’élévation du niveau de la mer, ont subi des dommages économiques s’élevant à 49 milliards $ CA rien qu’en 2022. Par exemple, les cyclones qui frappent le Bangladesh, l’un des pays les plus touchés de la région, lui coûtent 1,35 milliard $ CA par année. De plus, il est crucial de renforcer la capacité d’adaptation des pays pour se protéger contre les pertes et les dommages non économiques, ainsi que préserver le patrimoine culturel, les connaissances et les écosystèmes autochtones locaux.

Le financement de l’adaptation est en concurrence avec d’autres initiatives climatiques pour obtenir du soutien. L’un des succès de la COP28 a été la création du Fonds pour les pertes et dommages (FPD) afin d’aider les pays vulnérables dans leurs efforts de lutte contre les effets des changements climatiques. Le Canada a prôné la mise en place de ce fonds et a promis une contribution de 16 millions $ CA aux coûts de démarrage. Toutefois, « les pertes et les dommages » font référence aux efforts visant à faire face aux effets des changements climatiques après que ces effets sont ressentis et n’incluent pas nécessairement la planification de la résilience au cœur de l’adaptation. On s’inquiète déjà du fait que le financement de l’adaptation a diminué en raison du déplacement des engagements financiers internationaux vers le FPD.

Prochaines étapes

1. Le besoin urgent d’adaptation est une occasion pour le Canada

En décembre 2023, FinDev, l’institution de financement du développement du Canada, en partenariat avec le conglomérat financier japonais Mitsubishi UFJ Financial Group, a lancé le projet GAIA, un programme de financement climatique mixte public-privé qui sera bientôt mis en œuvre pour répondre aux besoins d’adaptation des pays en développement. Le projet de 2 milliards $ CA, composé d’investissements du secteur privé, consacrera 70 % de ses fonds à des projets d’adaptation et fournira des prêts à long terme et des investissements en actions aux 19 pays les plus vulnérables au climat, dont l’Inde, l’Indonésie et les Philippines.

2. Le programme de l’Asie du Sud-Est donne la priorité à la protection de la biodiversité

Compte tenu de la capacité de la nature à réguler le climat mondial, la protection et la préservation de la nature joueront un rôle essentiel dans le succès des efforts d’adaptation au climat. Afin d’augmenter les investissements et de favoriser la croissance des jeunes entreprises dans ce secteur spécialisé, mais essentiel, l’investisseur d’impact basé à Singapour Silverstrand Capital a lancé le programme Biodiversity Accelerator+ en 2023. Destinée aux entreprises ayant une « incidence positive sur la biodiversité », l’initiative se concentre sur la préservation et la restauration de la nature par le capital, la formation et la surveillance. Bien que le programme ait une portée mondiale, la préférence sera accordée aux entreprises qui sont basées en Asie du Sud-Est ou qui y exercent des activités.

• Auteurs : Hema Nadarajah, Sasha Lee, Alberto Iskandar

Hema Nadarajah

Hema Nadarajah, Ph.D., est gestionnaire de programme, Asie du Sud-Est, à la Fondation Asie Pacifique du Canada. Elle est titulaire d'un doctorat en relations internationales de la University of British Columbia, où elle a effectué des recherches sur la gouvernance dans l'Arctique, le changement climatique et l'espace extra-atmosphérique. Mme Nadarajah est conseillère auprès du WWF et a travaillé auparavant pour le gouvernement de Singapour sur des questions de conservation de la biodiversité internationale et de changement climatique.

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Sasha Lee

Sasha Lee est chercheuse post-universitaire au sein de l’équipe Asie du Sud-Est de la Fondation Asie Pacifique du Canada. Elle a obtenu une maîtrise en sciences politiques à l’University of British Columbia et un baccalauréat à la Korea University, avec une double spécialisation en sciences politiques et en communication avec les médias. Ses travaux portent notamment sur les technologies renouvelables et la gouvernance environnementale des pays en développement.

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Alberto Iskandar

Alberto Iskandar est chercheur-boursier à la Fondation Asie Pacifique du Canada. Il a obtenu son diplôme de grade de premier cycle à l’Université Simon Fraser, avec une spécialisation en sciences politiques et une mineure en études internationales, et a été diplômé en 2021. Ses recherches portent sur le multilatéralisme en Asie du Sud-Est et dans l’ANASE, le développement durable et les questions liées à la sécurité et à la défense en Asie du Sud-Est. Il a précédemment travaillé en tant que chercheur fonctionnaire à la Communauté de politique étrangère d’Indonésie (Foreign Policy Community of Indonesia).

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