Les allégations de meurtre font chuter les relations entre le Canada et l’Inde à leur niveau le plus bas depuis des décennies

Les relations diplomatiques entre le Canada et l’Inde se sont profondément figées cette semaine après que le premier ministre Justin Trudeau a déclaré lundi qu’il existait des « allégations crédibles » selon lesquelles des agents du gouvernement indien étaient impliqués dans le meurtre, en juin 2023, de Hardeep Singh Nijjar à Surrey (Colombie-Britannique). Nijjar était un dirigeant de la communauté sikhe du Canada et un ardent défenseur d’une patrie sikhe indépendante dans le nord de l’Inde, que les séparatistes sikhs appellent le Khalistan. Il a été abattu dans son véhicule par deux assaillants qui n’ont pas été arrêtés ni identifiés publiquement. Le gouvernement indien a énergiquement rejeté ces allégations et a expulsé un diplomate canadien de haut rang en guise de représailles, suite à la mesure similaire prise par Ottawa.

 

Une relation compliquée

Les retombées diplomatiques de l’annonce de cette semaine constituent le dernier rebondissement en date dans les relations entre le Canada et l’Inde, qui sont tendues depuis des décennies, en grande partie à cause de l’attentat à la bombe de 1985 contre Air India, qui a tué 331 personnes, dont la plupart étaient des Canadiens. Selon un rapport du gouvernement canadien datant de 2005, cet attentat était le résultat d’une conspiration menée par des séparatistes khalistanais, dont certains étaient installés au Canada. L’un des principaux suspects, Ripudaman Singh Malik, acquitté par un tribunal canadien en 2005, a été tué à Surrey, en Colombie-Britannique, l’année dernière. Deux suspects ont été arrêtés, mais rien n’indique qu’il y ait un lien entre le gouvernement indien et le meurtre de Malik. En 2020, New Delhi a désigné Nijjar comme « terroriste » et, en 2022, l’a accusé d’être impliqué dans une attaque présumée contre un prêtre hindou en Inde. Nijjar a rejeté ces accusations.

 

Répercussions éventuelles à l’échelle mondiale

Les retombées de la nouvelle de cette semaine pourraient avoir des ramifications internationales plus larges. Trois des plus proches alliés du Canada – l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis – ont essayé de nouer des liens plus étroits avec New Delhi, motivés en partie par des intérêts commerciaux, mais aussi par le désir de voir l’Inde devenir un contrepoids géopolitique à la Chine.



Les dirigeants des trois pays ont dû faire preuve de doigté dans leur réaction aux révélations sur le possible rôle de l’Inde, en exprimant publiquement leur inquiétude quant à la gravité des allégations, tout en essayant d’
éviter de faire dérailler les relations qu’ils entretiennent avec New Delhi. Entre-temps, les négociations bilatérales en vue d’un accord de libre-échange partiel entre le Canada et l’Inde sont désormais gelées, et la trajectoire future de ce qui a été une relation croissante en matière de commerce et d’investissement est confrontée à de nouvelles incertitudes.



Mercredi, le gouvernement indien a
demandé à ses citoyens, en particulier aux étudiants indiens étrangers, de faire preuve de « la plus grande prudence » à l’égard des crimes haineux « à connotation politique » s’ils se rendent au Canada.

On Wednesday, the Indian government warned its citizens, especially Indian international students, to exercise “utmost caution” about “politically-condoned” hate crimes if travelling to Canada.