Les violences politiques au Bangladesh jettent un voile sur les prochaines élections

La capitale du Bangladesh, Dhaka, a été plongée dans l’agitation politique alors que des partisans du parti nationaliste du Bangladesh (BNP) s’affrontent à la police. Le 30 octobre, les autorités ont arrêté un haut dirigeant du BNP, qui a réagi en annonçant une grève nationale de trois jours. Les manifestations qui ont accompagné les grèves ont rapidement tourné à la violence, entraînant la mort d’au moins trois civils et d’un policier.



Le BNP a exigé que la Ligue Awami et que la première ministre Sheikh Hasina démissionnent pour permettre à un gouvernement intérimaire neutre de superviser les affaires du pays jusqu’aux élections parlementaires de janvier 2024. Hasina a refusé.

 

Inquiétudes quant au recul de la démocratie

La Ligue Awami a remporté une victoire spectaculaire (288 des 300 sièges disputés) lors des élections de décembre 2018. Cependant, le scrutin a été entaché d’allégations de violence et d’irrégularités, et les préoccupations concernant des violations des droits de la personne, comme la répression de la liberté d’expression, la torture, les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires, n’ont cessé de croître depuis le début du mandat actuel de Hasina en 2009.



Le gouvernement des États-Unis, faisant part de son inquiétude, a annoncé en mai dernier qu’il pourrait refuser de délivrer des visas à tout citoyen bangladais soupçonné d’être impliqué dans l’affaiblissement des processus démocratiques du pays.

 

Opinion publique ambiguë

Des sondages et des groupes de discussion récents suggèrent que le sentiment du public est mitigé : tandis que 70 % des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage récent approuvent la performance de la première ministre Hasina, 53 % ont affirmé que le pays se dirigeait dans la mauvaise direction. Entre-temps, le soutien général à l’opposition est passé de 36 % en 2019 à 63 % en avril 2023, même si le règne du BNP de 2001 à 2006 était entaché de corruption.



Les analystes estiment que les manifestations actuelles menées par le BNP ont pris de l’ampleur en raison de frustrations économiques. Pendant des années, l’économie du Bangladesh a connu une croissance impressionnante; aujourd’hui, elle est confrontée à des difficultés importantes.



L’industrie du prêt-à-porter, un des principaux moteurs de l’économie bangladaise, a du mal à se remettre de la COVID-19, tandis que l’inflation a fait grimper en flèche les prix de la nourriture et du pétrole.