Ottawa en désaccord avec plusieurs gouvernements asiatiques sur l'exploitation minière des fonds marins

Le monde est parvenu à un « tournant décisif » sur la question de savoir si certaines parties des fonds marins doivent être exploitées pour en extraire les ressources nécessaires aux technologies vertes. Depuis des années, l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM), qui compte 169 membres et qui est habilitée à délivrer des permis d'exploitation minière en mer au-delà de la juridiction nationale, s'efforce de parvenir à un accord sur l'autorisation de l'exploitation minière en eaux profondes et, dans l'affirmative, sur les normes que les sociétés minières devraient respecter.



Jusqu'à présent, cet accord a été difficile à trouver et les discussions ont mis davantage en lumière les visions concurrentes sur la meilleure façon de s'éloigner des combustibles fossiles. Le débat oppose également les puissances asiatiques comme
la Chine, le Japon et la Corée du Sud, qui veulent aller de l'avant, au Canada et à d'autres pays, qui appellent à la prudence.

  

Le Canada demande un moratoire tandis que d'autres se se préparent à agir

Le débat porte sur les conséquences que l'exploitation minière en eaux profondes pourrait avoir sur la perte de biodiversité, notamment dans une zone du sud-ouest de l'océan Pacifique qui constitue une source importante de nickel, un élément essentiel des batteries des véhicules électriques. Les partisans de l'exploitation minière des fonds marins affirment que, dans l'ensemble, celle-ci représente une menace moindre pour la biodiversité que l'exploitation minière du nickel sur terre dans des endroits comme l'Indonésie, riche en biodiversité. 

 

Les opposants, quant à eux, affirment que les recherches sur les dommages susceptibles d'être causés par cette pratique sont insuffisantes. Ils craignent également que ces dommages soient irréparables. Lundi, les ministres canadiens des Affaires étrangères, des Ressources naturelles et des Pêches ont conjointement demandé un moratoire sur l'exploitation minière commerciale des fonds marins dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale, jusqu'à ce que des preuves supplémentaires puissent être recueillies et analysées.

  

Moment charnière ?

Les conséquences de la décision de l'AIFM ne sont pas hypothétiques. En effet, la discussion actuelle a été déclenchée par une demande de la petite nation insulaire du Pacifique de Nauru, en partenariat avec la société minière canadienne The Metals Company (TMC), qui a prospecté le potentiel de nickel dans les eaux autour de Nauru, une zone considérée comme ayant les plus grands gisements de nickel non exploités au monde. 

 

En juillet 2021, le duo a notifié à l’AIFM son intention de passer de l’exploration à l’extraction, ce qui a fait démarrer le délai de deux ans dont disposait l’AIFM pour élaborer des réglementations. Mais la date limite est déjà dépassée, et Nauru et TMC pourraient poursuivre leurs activités même en l’absence d’une réglementation claire.