Mercredi, Pita Limjaroenrat, chef du parti progressiste thaïlandais Move Forward Party (MFP) (« Aller de l’avant »), a été suspendu du parlement et empêché de devenir le prochain dirigeant du pays. Le MFP a remporté plus de sièges que tout autre parti lors des élections générales du 14 mai, mais il manquait 51 voix à M. Pita pour atteindre les 375 voix nécessaires lorsque le parlement s'est réuni le 13 juillet pour choisir un premier ministre. La plupart des 249 sénateurs thaïlandais nommés par l'armée ont voté contre lui.
Lorsque le parlement s'est réuni à nouveau le 18 juillet, il a décidé que M. Pita ne pouvait pas présenter une nouvelle candidature au poste de premier ministre. Parallèlement, le tribunal constitutionnel a suspendu M. Pita du parlement en raison d'allégations selon lesquelles il était inéligible parce qu'il détenait des parts dans une société de médias (aujourd'hui disparue). M. Pita nie tout acte répréhensible et bon nombre de ses partisans soupçonnent que ces allégations sont motivées par des considérations politiques.
Sur le qui-vive et dans l'expectative
La décision de mercredi jette une nouvelle incertitude sur la politique thaïlandaise. Le partenaire de coalition du MFP, le parti Pheu Thai, est en train de former une nouvelle coalition et présentera un candidat au poste de premier ministre lorsque le parlement se réunira le 27 juillet.
Le candidat probable est l'ancien magnat de l'immobilier Srettha Thavisin. M. Srettha a expliqué qu'une coalition dirigée par le Pheu Thai ne ferait pas pression pour modifier l'article 112, la loi qui pénalise — parfois avec de longues peines de prison — toute parole ou action jugée insultante pour la famille royale thaïlandaise. La modification de l'article 112 était l'une des principales promesses de campagne, et l'une des plus populaires, du MFP. Mais de nombreux sénateurs affirment qu'ils ne soutiendront pas une coalition incluant le MFP tant que celui-ci insistera sur la remise en cause de l'article 112.
'Les enfants ne vont pas bien'
Une autre incertitude concerne la réaction des partisans de M. Pita face à ce que beaucoup considèrent comme l'establishment conservateur qui utilise une tactique bien connue pour étouffer les réformes politiques. Par exemple, le tribunal constitutionnel qui a suspendu le siège de M. Pita à la Chambre des représentants est théoriquement indépendant, mais il est connu pour être sous l'influence de la puissante armée du pays.
Après l'annonce de la disqualification de M. Pita, un millier de manifestants se sont rassemblés devant le bâtiment du parlement. Un chercheur spécialiste des droits de l'Homme a avertique les derniers développements pourraient « déclencher des réactions sous la forme de manifestations de rue et de nouveaux bouleversements politiques ».