L'engagement de la Thaïlande avec le Myanmar ébranle l'ANASE

Le 19 juin, le gouvernement intérimaire de la Thaïlande a organisé une réunion de haut niveau avec la junte du Myanmar, ce qui a provoqué une réaction négative de la part des États membres de l'ANASE et des Nations Unies, entre autres.  En sanctionnant la réunion, le premier ministre thaïlandais sortant, Prayut Chan-o-cha, qui a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2014, a violé le consensus en cinq points de l'ANASE.



Étant donné la non-application du consensus en cinq points par le Myanmar, ses généraux ont été exclus des sommets de l'ANASE. Bangkok a envoyé des invitations aux ministres des affaires étrangères de l'ANASE cinq jours seulement avant la réunion, qui avait pour but de « réengager » les généraux du Myanmar et de compléter les efforts de l'ANASE en vue d'instaurer la paix dans ce pays en proie au conflit.



L'Indonésie, la Malaisie et Singapour ont décliné l'invitation, tandis que les sept autres États membres de l'ANASE, ainsi que la Chine et l'Inde, ont participé à la réunion à Pattaya. Singapour, pour sa part, a déclaré qu'il était « prématuré » de s'engager avec le Myanmar.  

Le consensus en cinq points de l'ANASE à un tournant

Le consensus en cinq points, approuvé par tous les États membres de l'ANASE, y compris le Myanmar, appelle à l'arrêt immédiat de la violence au Myanmar et affirme que tout engagement au niveau de l'État doit se faire dans le cadre du plan.



Lors d'une
conférence de presse à Jakarta, Thomas Andrews, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l'Homme au Myanmar, a demandé que les efforts de maintien de la paix dans le pays soient réévalués compte tenu de l'absence de progrès de l'ANASE. Il a également prévenu que les réunions de haut niveau risquaient de légitimer le coup d'État. La junte du Myanmar, qui a pris le pouvoir au début de l'année 2021, est en conflit avec des milices armées, ce qui a entraîné des violences meurtrières dans tout le pays.

Les derniers jours d'un gouvernement défait

L'échec de l'ANASE à négocier la paix au Myanmar est en partie imputable à la Thaïlande. Les experts estiment que Prayut a « servi de bouclier » aux généraux du Myanmar et qu'il s'accroche désormais aux branches après sa défaite électorale écrasante face à la coalition prodémocratique menée par le parti Move Forward (« Aller de l’avant ») lors des élections du mois dernier.



Le gouvernement thaïlandais sortant s'est défendu en affirmant que le pays partage plus de 3 000 kilomètres de frontières terrestres et maritimes avec le Myanmar et qu'il a accueilli des réfugiés, ce qui le place dans une position unique par rapport à ses homologues de l'ANASE.